LICORNES
UNICORNS
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Licorne en thé – 2018
Thé sur structure métallique
115 x 110 x 50 cm
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BOUCS
GOATS
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Bouc de mai – 2015
Thé noir du Yunnan, eau de pluie, colle
163 x 266 x 165 cm
Bouc d’avril – 2015
Thé noir du Yunnan, eau de pluie, colle
158 x 220 x 117 cm
Bouc de Pékin – 2015
Thé noir du Yunnan, eau de pluie, colle
78 x 108 x 60 cm
Collection particulière
Grand Bouc en thé #2 – 2014
Thé noir du Yunnan, eau de pluie, colle
130 x 214 x 140 cm
Collection particulière
Grand Bouc en thé #1 – 2014
Thé noir du Yunnan, eau de pluie, colle
126 x 166 x 80 cm.
Collection particulière
Grand bouc en thé #3 – 2014
Thé noir du Yunnan, eau de pluie, colle
Collection particulière
Bouc en thé #1 – 2014
Thé noir du Yunnan, eau de pluie, colle
33 x 52 x 20 cm
Collection particulière
Petit bouc de Pékin #3 – 2015
Thé noir du Yunnan, eau de pluie, colle
92 x 62 x 24 cm
Collection particulière, Chine
Cabris en thé – 2014
Thé noir mauricien, eau de pluie, colle sur structure métallique
68 x 52 x 20 cm
Collection particulière
Petite bouc en thé #4 – 2014
Thé noir du Yunnan, eau de pluie, colle
30 x 43 x 20 cm
Collection particulière
Petite bouc en thé #5 – 2014
Thé noir du Yunnan, eau de pluie, colle
50 x 35 x 18 cm
Collection particulière
Petit bouc en thé #6 – 2014
Thé noir du Yunnan, eau de pluie, colle
60 x 40 x 24 cm
Collection particulière
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Lauréat du Prix Yishu 8, Lionel Sabatté découvre en 2011 à l’occasion de sa résidence à Pékin le continent asiatique. Cette résidence est l’occasion d’un premier contact avec la Chine, et plus particulièrement avec le thé. Son immersion dans la culture locale le pousse en effet à réaliser de grands boucs en thé noir du Yunnan (une région à l’ouest de la Chine), symbole du pays et du raffinement chinois. Ces grands animaux nous signifient la limite perméable qui existe entre le vide et le plein en s’envisageant comme une forme de réconciliation entre l’individualité et la totalité. Le thé, végétal de la civilisation, propre aux échanges et aux rituels, prend ici les contours d’un animal herbivore, constitué d’une matière organique avec laquelle il pourrait se nourrir.
Cornu, barbu, fourchu : d’un physique immuable, les attributs du bouc quant à eux peuvent varier. Si en Occident l’animal représente la force et la virilité, la Chine perçoit cette impulsivité et cette férocité comme un signe de fragilité. Il est l’animal de la sensibilité, de l’indécision et du doute. Le thé, utilisé comme matière première des oeuvres, prend le contrepied de ces faiblesses à travers une référence à l’infusion, qui symbolise tout à la fois la maîtrise du feu et de l’eau qui circule. Tout comme l’érotisme des fleurs de mûriers, les boucs portent en eux une dimension sexuelle très marquée révélatrice de notre rapport au corps en Occident : le bouc se voit être associé aux forces démoniaques à cause de son appétit sexuel. Fragilité et luxure caractérisent ainsi ce même animal que la mythologie grecque n’a eu de cesse d’utiliser pour représenter les compagnons de Dionysos, le Dieu porteur d’ivresse. En faisant le choix de représenter un bouc, figure emblématique de l’art pariétal occidental mais aussi très présente dans la culture chinoise, Lionel Sabatté rend hommage à la « croisée des cultures, des mythes et des totems »1. Le thé symbolise ainsi cette rencontre possible entre deux cultures. Cette boisson universelle et intemporelle importée de la tradition chinoise permet une réunion de l’Occident et de l’Asie au sein d’une même oeuvre qui devient une métaphore des interactions humaines. Elle nous conte l’histoire d’une rencontre, celle de l’artiste et d’un pays, la Chine, et plus généralement, celle du mélange des traditions de différents territoires.
Lisa Toubas
1 Huang Du