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LE DORMEUR DU VAL
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Le Dormeur du Val - Bronze, tirage unique - 340 x 190 x 100 cm - 2019 - Crédit photo Paul Gonzalez
Le Dormeur du Val - 2019
Bronze, tirage unique, Fonderie Ilhat (Flourens)
340 x 190 x 100 cm - 2019
© Paul Gonzalez


Le Dormeur du Val - Bronze, tirage unique - 340 x 190 x 100 cm - 2019 - 2
Le Dormeur du Val (détail) - 2019
Bronze, tirage unique, Fonderie Ilhat (Flourens)
340 x 190 x 100 cm - 2019
© Paul Gonzalez



Lionel Sabatté renouvelle ici la pratique traditionnelle du bronze (figurant parmi les matériaux privilégiés de la sculpture dite « classique ») avec une oeuvre s’inscrivant dans une réflexion sur la matière. Son pouvoir d’évocation est décuplé, nous questionnant sur notre propre matérialité, notre rapport au temps, ainsi qu’à l’histoire. Le bronze, matériau solide, devient le garant de l’intemporalité. Faisant écho à sa série des Rust painting (oxydations sur plaques de métal) initiée en 2018 par l’artiste, la sculpture bénéficie de la technique de métal oxydé développée par l’artiste qui lui confère une dimension tellurique : les nuances de couleurs nous évoquent à la fois des îles, des territoires ou des cartographies imaginaires. Ce grand oiseau que l’on aurait pu croiser en rêve s’inscrit toutefois dans notre réalité : son plumage dessinerait presque un paysage vu du ciel, un continent qui, à force de concentration, deviendrait lisible à l’oeil du spectateur ayant déniché cette paréidolie cachée. En nous confrontant à une nature fantasmée mais sans doute, aussi, en voie de disparition, l’oeuvre devient un espace de projection de tous nos espoirs, rêves et inquiétudes. Elle nous rappelle qu’une seule conquête mérite le combat : celle pour la liberté. Comme l’était le poème d’Arthur Rimbaud, Le Dormeur du Val peut s’appréhender comme un cri d’indignation contre les dérives de l’Anthropocène, faisant de l’oeuvre le symbole d’une révolte poétique.

Lisa Toubas